20 Mai 2020
Saviez-vous que le magazine principal des Éditions de Vaillant, principalement connu sous le titre Pif gadget, est la revue française ayant changé le plus souvent de nom au cours de son existence ? Neuf titres différents utilisés de 1942 à 1993, rien que ça ! Passage en revue...
De janvier 1942 à juin 1945, Le jeune patriote en est le titre. Au départ, il s'agit davantage d'un tract clandestin contre l'occupation allemande qu'un véritable magazine jeunesse, mais il est réalisé par de jeunes Résistants pour un lectorat de jeunes Français qu'il s'agit d'informer afin de lutter contre la propagande hitlérienne. Voyez aussi notre article Il était une fois...
De juin 1945 à avril 1946, c'est le titre un peu plus long de Vaillant, le jeune patriote qui est choisi, pour amorcer une nouvelle formule plus ludique (avec des B.D.) consécutive à la Libération.
Puis, d'avril 1946 à avril 1965, soit pendant exactement dix-neuf ans, le magazine va s'appeler tout simplement Vaillant. Un âge d'or de la bande dessinée populaire de qualité s'amorce.
Le succès que remporte depuis des années le personnage de Pif va induire un nouveau changement : à partir d'avril 1965 et jusqu'en février 1969, le titre est Vaillant, le journal de Pif... mais avec « Pif » écrit en très gros, au point qu'au premier coup d’œil on pourrait croire que ce seul nom est le titre de l'hebdomadaire !
Février 1969 est une date à marquer d'une pierre blanche, puisque notre magazine va connaître une nouvelle formule encore dans toutes les mémoires aujourd'hui. Le nouveau titre devient alors Pif gadget, et ce jusqu'en avril 1982, soit pendant un peu plus de treize ans... L'idée est simple : ajouter au magazine un petit cadeau amusant, si possible éducatif, une babiole qui ne coûte pas trop cher et qui sera amortie par l'explosion des ventes qu’elle induit.
En avril 1982, le besoin de se renouveler, de rajeunir se fait peut-être ressentir et on choisit pour titre Le nouveau Pif (« et son gadget » est précisé en bas de couverture). La qualité est toujours au rendez-vous, même si l'on peut regretter un nombre de pages moindre consacré aux B.D. dites réalistes au profit des B.D. comiques et du contenu rédactionnel.
En janvier 1986, on revient aux fondamentaux et on allège le titre qui devient tout simplement Pif. Hélas ! ce retour aux sources du titre n'a aucun pendant positif dans le contenu qui s'appauvrit considérablement. Difficile de remplacer les grandes pointures de la B.D. qui ont disparu soit à la concurrence soit dans un monde - on l'espère - meilleur. Alors, on réimprime des bandes dessinées déjà parues autrefois, et on complète avec du rédactionnel parfois médiocre (mode vestimentaire, vedettes du petit écran, chanteurs du Top 50). Comble du malheur : le gadget va peu à peu disparaître comme peau de chagrin. Notons toutefois un bicentenaire de la Révolution française fêté dignement tout au long de 1988 et 1989, avec notamment le supplément drôlement bien fichu intitulé Petit Sans-culotte et la grande B.D. à suivre Noël et Marie.
Mais, la qualité étant de moins en moins au rendez-vous, les ventes s'effondrent, au point que la parution connaît une interruption de juin à octobre 1992. En janvier 1993, on tente de donner un nouvel élan, avec encore un nouveau titre : Pif, le journal. Mais, le changement n'est que cosmétique. Pas d'amélioration par ailleurs.
Au printemps 1993, on semble se préparer au chant du cygne : le magazine n'est plus que mensuel. Puis, en décembre, la numérotation redémarre à 1, la formule change, le titre aussi : Pif découverte. C'est pas mal, une sorte d'heureuse rencontre entre Science & Vie junior et Pif. Mais, c'est trop tard, le lectorat ne répond plus présent. Notre magazine disparaît après le n° 3, c'est-à-dire en réalité après le n° 2494.
Neuf titres, donc, qui ont chacun marqué un tournant, pas toujours réussi, dans la vie de cette revue légendaire. Et bien sûr, c'est le titre sous lequel Le jeune patriote n'a jamais aussi bien marché qui est choisi pour la renaissance de notre magazine de 2004 à 2008 : Pif gadget ! Mais, ça, c'est une autre histoire...